29.10.2008: Forschung CH

L’agriculture et la biodiversité sont inséparables




Felix Herzog

Dans le cadre d’une étude de l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) en France, 51 experts ont analysé 2'400 articles scientifiques sur le thème de l’agriculture et de la biodiversité. Le rapport de synthèse comprend des conclusions importantes. Entre autres, il y est démontré que la biodiversité doit être conservée dans l’intérêt de l’agriculture, que les cultures mixtes représentent les méthodes culturales de l’avenir et que les prestations écologiques requises sont un instrument adéquat pour atteindre des standards écologiques minimaux.


L’objectif de cette Expérience Scientifique Collective (ESCo) est de réaliser un état des connaissances pluridisciplinaires sur les relations existant entre agriculture et
biodiversité afin de mettre à disposition de l’ensemble des acteurs tous les éléments nécessaires pour orienter les actions et les décisions. L’ESCo „Agriculture et Biodiversité“ a été réalisée à la demande des ministères français en charge de l’agriculture et de l’environnement. 51 experts de différentes spécialisations (biologie, agronomie, écologie, droit, sociologie) et de toute la France (deux participants venaient également de Suisse) ont participé. Plus de 10'000 articles ont été évalués lors d’une recherche bibliographique détaillée et finalement 2'400 d’entre eux ont été analysés. Le rapport de l’ESCo est structuré en quatre chapitres et comprend des réflexions très importantes.

1. Les effets de l’agriculture sur la biodiversité
• Au cours des siècles passés, l’agriculture a créé des habitats pour les espèces animales et végétales, mais au lendemain de la 2ème guerre mondiale elle a contribué à la disparition progressive de ces habitats.
• La valeur de la biodiversité: elle permet une augmentation de la tolérance à la perturbation, une conservation du potentiel d’adaptation de l’agriculture et des écosystèmes aux changements globaux, elle possède une valeur intrinsèque et une valeur pour le paysage et pour le tourisme.
• La protection de la biodiversité: il est tout aussi nécessaire de protéger les espèces en danger d’extinction que la biodiversité „commune“, qui remplit des services écologiques.
• Dans des paysages agricoles complexes avec un taux important d’habitats semi-naturels (>30%), ces derniers peuvent compenser dans une certaine mesure l’intensification des pratiques agricoles sur les surfaces cultivées.
• Pour favoriser la biodiversité dans les paysages agricoles simplifiés, il faut diminuer l’intensité des pratiques agricoles, mais aussi augmenter les surfaces des habitats semi-naturels et leur assurer une bonne connectivité.

2. Biodiversité des espaces agricoles et services écologiques rendus par cette biodiversité
• La biodiversité fonctionnelle: il existe des répercutions positives (p.ex. pollinisation) et négatives (p.ex. insectes ravageurs). Les effets positifs deviennent apparents surtout dans des systèmes à apport réduit d’intrants (low-input system). A moyen terme, les apports de fertilisants vont probablement diminuer dans les agro-écosystèmes (à cause de l’augmentation du prix du pétrole), et la biodiversité fonctionnelle va gagner en importance.
• La biodiversité et la recherche en conservation de la nature: il existe de multiples études sur les espèces menacées, mais trop peu sur les espèces „communes“, assurant les fonctions écologiques.

3. Les déterminants technico-économiques de l’adoption de pratiques agricoles favorables à la biodiversité
• Il existe peu de littérature sur les modalités nécessaires pour adopter une pratique agricole plus favorable à la biodiversité. Nous manquons de connaissances sur les systèmes de production à l’échelle de l’entreprise agricole, sur le système de valeur de l’exploitant, de sa famille et de son entourage.
• Les obstacles techniques et les exigences des intermédiaires diminuent la marge de manoeuvre de l’agriculteur (p.ex. exigences de qualité/d’homogénéité/d’aspect).
• Les cultures mixtes et l’agroforesterie ont de l’avenir parce qu’elles permettent tout à la fois une meilleure utilisation des ressources présentes, produisent davantage de biomasse et engendrent une plus grande biodiversité.
• Un encouragement plus soutenu de la biodiveristé est souvent lié à une charge supplémentaire pour l’agriculteur (surplus en travail ou diminution de la production). Pour être motivants, les effets doivent être visibles et mesurables. L’attitude et la formation de l’agriculteur jouent un rôle clef.

• Biodiversité, agriculture et politiques publiques
• „L’éco-conditionalité“ est un instrument approprié pour mettre en oeuvre des standards écologiques minimaux (cela correspond en Suisse aux prestations écologiques requises). Elle a été introduite en Europe en 2003 et exige (1) le respect des lois et des ordonnances existantes (p.ex. la Directive oiseaux) et (2) le respect de „bonnes pratiques agricoles“.
• Biodiversité et agriculture: il n’existe pas de recette toute faite, il faut «apprendre en marchant». Il est néanmoins important de mettre en place des suivis efficaces et de haut niveau afin d’évaluer les mesures adoptées.



Keywords:
Agriculture, biodiversité, biodiversité fonctionnelle, PER

Art der Publikation:
Bericht

Literatur:
Le Roux X. et al. 2008. Agriculture et biodiversité. Valoriser les synergies. Expertise scientifique collective, synthèse du rapport, Paris, INRA. 113 p.
http://www.inra.fr/l_institut/expertise/expertises_realisees/agriculture_et_biodiversite__1

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Kontaktadresse:
Dr. Felix Herzog
Forschungsanstalt Agroscope Reckenholz-Tänikon ART
Reckenholzstrasse 191
CH-8046 Zürich


felix.herzog@art.admin.ch
Tel: +41 (0)44 377 74 45


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