23.8.2005: Forschung CH

La saulaie blanche : un refuge pour de nombreuses espèces rares




Jérôme Gremaud

Contrairement au Saule blanc (Salix alba) qui est répandu le long des rives, la saulaie blanche représente un groupement alluvial rare en Suisse.
La dynamique d’une saulaie blanche a été étudiée le long de la Sarine, en prêtant une attention particulière à la biodiversité végétale liée à chaque stade de la succession et à l’évolution du peuplement à moyen terme. L’installation des Saules blancs ne se produit que certaines années et dans des conditions particulières (niveau d’eau haut à la mi-juin, puis baisse en juillet), alors que les post-pionniers (Frênes Fraxinus excelsior avant tout) s’installent dès que la durée d’inondation n’excède plus 40 jours. Si le régime des eaux et le dépôt d’alluvions fines persistent, la saulaie blanche devrait toutefois se maintenir à terme.



De nombreuses études ont mis en évidence le phénomène de banalisation de la végétation et la disparition des milieux les plus pionniers des zones alluviales au profit de milieux boisés à tendance climacique. Ce phénomène n‘épargne pas la Sarine (canton de Fribourg, Suisse), dont la majorité du cours est actuellement enserré dans un cordon de forêt à bois dur.

Ce travail se concentre sur l’étude à différentes échelles de la dynamique spatio-temporelle d’une saulaie blanche (peuplement de Saules blancs, Salix alba), un groupement pionnier rare qui est parmi ceux qui ont le plus souffert de la correction des rives. Une attention particulière a été portée aux conditions de régénération de Salix alba et à la présence d’arbres post-pionniers, précurseurs des stades dynamiques suivants, le Frêne Fraxinus excelsior avant tout, l’objectif principal de ce travail étant de cerner l’évolution future de ce peuplement.

Des relevés de végétation effectués dans tous les stades de la succession, des zones pionnières jusqu’à la forêt alluviale à bois dur, ont permis de montrer que la grande valeur biologique du site est fortement liée à sa dynamique et à l’imbrication de différents stades de succession. La biodiversité est par contre faible dans la saulaie blanche en elle-même, où seules quelques espèces très adaptées aux inondations dominent.

A quoi bon alors essayer de maintenir une telle formation, plus pauvre en terme d’espèce que les frênaies qui devraient lui succéder ? Une discussion est menée sur l’échelle à considérer pour mettre en valeur un tel groupement : la saulaie blanche possède une richesse spécifique faible, mais offre refuge à de nombreuses espèces rares adaptées à ce milieu particulier. C’est ici la saulaie blanche en tant que communauté rare à l’échelle suisse et européenne qui est à considérer plutôt que le Saule blanc en tant qu’espèce.

De nombreuses espèces végétales disparues sur le cours supérieur de la Sarine se maintiennent ici dans les zones pionnières exposées aux inondations, là ou se régénèrent également les saules. Des années exceptionnelles comme le fut 2003 permettent à de nombreuses espèces présentes à l’état de graines dans le sol de germer.

La saulaie blanche devrait se maintenir à terme dans les zones les plus dynamiques, inondées en moyenne plus de 40 jours par an. Tant que l’alluvionnement est présent, un équilibre dynamique existe entre la saulaie blanche et les surfaces qui évoluent vers des forêts à bois dur.


Keywords:
Salix alba, dynamique, régénération, succession, biodiversité

Art der Publikation:
Diplomarbeit

Literatur:
Gremaud, J. (2004) : Dynamique spatio-temporelle d’une forêt de Saules blancs (Salix alba) de la Sarine : du paysage au semis. Travail de diplôme. Laboratoire d’écologie végétale et de phytosociologie, Université de Neuchâtel, Neuchâtel. 131 pp

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Kontaktadresse:
Jérôme Gremaud, Roulema 11, CH-1632 Riaz
jerome.gremaud@unine.ch
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