10.12.2018: Forschung CH
Böden brauchen neu Fürsprecher
Les sols ont besoin de nouveaux porte-parole
Nicolas Derungs
Trotz der rechtlichen Grundlagen für die nachhaltige Nutzung der Böden in der Schweiz setzt sich die Verschlechterung ihrer Fruchtbarkeit fort. Eine Doktorarbeit zeigt, dass die Ursache dafür im mangelnden öffentlichen Interesse an Böden liegt; zudem beschränkt sich die Diskussion weitgehend auf wissenschaftliche und technische Aspekte. Um den Bodenschutz zu verbessern, braucht es deshalb neue Fürsprecher – unter den Landwirten, den privaten Gartenbesitzern, aber auch unter den Künstlern, Philosophen und Soziologen.
En dépit des bases légales régissant en Suisse l’utilisation durable des sols, la lente dégradation de leur fertilité se poursuit. Une thèse de doctorat montre que le manque d’intérêt public pour les sols en est la cause; en plus le discours se limite souvent à une approche scientifique et technique. Nous avons donc besoin de nouveaux porte-parole pour améliorer la protection des sols p. ex. parmi les agriculteurs, les propriétaires de jardins privés, mais aussi parmi les artistes, philosophes et sociologues.
La dégradation de la fertilité des sols est méconnue en Suisse. Elle est pourtant grave dans la région agricole du Seeland, alors qu’elle est lente et localisée sur les autres terres cultivées. A titre d’exemple, l’érosion des sols arables dans la région du Frienisberg (BE) s’est élevée à 1969 tonnes de terre en 10 ans (0,75 t/ha/an). En certains endroits, un seul événement orageux intense s’abattant sur un sol en pente et dénudé de végétation conduit à une perte d’environ 40 t/ha (voire 100 t/ha).
Ces pertes demeurent plus élevées que le taux de formation naturel des sols. Ce phénomène est connu depuis les années 1960 par les scientifiques et les autorités publiques. Deux programmes de recherches nationaux (le PNR 22 et le PNR 68) ont d’ailleurs été menés pour répondre à ces préoccupations. L’alarme sonnée par les experts à la fin des années 1980 a permis d’introduire des bases légales dans les politiques publiques. Si ces mesures ont certainement contribué à ralentir la dégradation des sols, elles ne l’ont pas stoppée. Et aujourd’hui, les Offices fédéraux s’accordent à dire que les objectifs agroenvironnementaux n’ont pas été atteints.
Ce travail de recherche pointe deux raisons principales à cet échec. Premièrement, à l’heure des changements climatiques et de la chute de la biodiversité, les sols demeurent, dans l’humilité qui les caractérise, des milieux naturels peu publicisés. Les sols ont toujours été les laissés pour compte de la protection de l’environnement. La société en parle et s’y intéresse peu, alors qu’ils nous nourrissent et nous supportent. D’un problème d’experts, la dégradation des sols est donc directement devenue un enjeu public, sans avoir mobilisé d’autres acteurs de la société civile. Or, pour améliorer leur protection, de nouveaux porte-parole doivent s’exprimer et être légitimement entendus, tels que des agriculteurs, des jardiniers amateurs, des artistes, des philosophes, ou encore des sociologues.
Deuxièmement, la dégradation des sols est étudiée depuis des décennies et des solutions sont proposées, mais principalement en termes techniques. L’agenda global de la recherche scientifique et la stratégie pour le développement durable élaboré par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) continuent à soutenir cette direction. Mais cette approche est facilement instrumentalisée par les groupes d’intérêts puissants.
Ces faiblesses représentent en partie la cause de l’inefficacité des politiques agroenvironnementales. Une telle approche se focalise notamment sur les innovations et les mesures techniques qui pourtant peinent chroniquement à être acceptées par leurs destinataires. Elle conduit également à une dépolitisation des débats, alors que tous les experts s’accordent à dire que les blocages sont sociaux et politiques. L’approche technique, si elle est dominante, empêche donc une véritable discussion de fond sur les dysfonctionnements de nos démocraties et de notre système économique.
En conclusion, ce travail de recherche engagé se présente comme un plaidoyer pour les sols en souhaitant que les mains pleines de terre deviennent le symbole d’une nouvelle mobilisation.
Source: Université de Neuchâtel
Keywords:
Boden; Science-policy; Erosion
Art der Publikation:
Dissertation
Literatur:
Derungs N. (2018): La gestion durable des sols agricoles : sécuriser les démarches ou légitimer les controverses ? Lexemple des politiques agroenvironnementales autour de lérosion hydrique des sols arables en Suisse. Thèse de la Faculté des Sciences de lUniversité de Neuchâtel.
https://www.unine.ch/ethno/home/recherche/theses/nicolas.derungs.html
Kontaktadresse:
Nicolas Derungs
Institut dethnologie
Université de Neuchâtel
CH-2000 Neuchâtel
nicolas.derungs@unine.ch
Tel: +41 (0)79 659 18 20
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